Page 176 - Rapport annuel économique 2022 - Guyane
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  LES 20 ANS DE L’EURO
L’euro a célébré en 2022 les vingt ans de son lancement sous la forme de billets et de pièces. Le passage à une monnaie commune a marqué un temps fort de la construction européenne. En vingt ans, les pièces et billets en euros ont profondément muté221. La croissance spectaculaire du nombre de billets en circulation en a fait la deuxième devise mondiale émise et la demande d’euros ne se tarit pas. Rien qu’en France, le stock de billets en circulation a été multiplié par près de six depuis 2002. Les usages de l’euro fiduciaire ont également changé. Comme moyen de paiement, son rôle s’est réduit, au profit principalement de la carte bancaire. Les billets en euros sont détenus de façon croissante pour d’autres motifs, comme la thésaurisation et la demande hors zone euro, en lien avec la confiance qui est accordée à cette monnaie.
Ce « paradoxe des espèces » est également visible dans les DCOM de la zone euro, même si l’usage des espèces y est plus important que dans l’Hexagone222. En effet, si l’on rapporte la circulation fiduciaire à la population, chaque Ultramarin des DCOM détiendrait de 30% à 5 fois plus d’espèces « en poche » qu’un habitant de l’Hexagone. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la plus forte détention d’espèces dans les DCOM, notamment la plus faible bancarisation de la population, un niveau plus élevé d’illettrisme et de précarité, un moindre développement du e-commerce ou encore l’économie informelle. Il apparaît clairement que l’usage des billets aux fins de transactions courantes reste très fort dans les DCOM. En témoigne le niveau élevé des retraits aux DAB en 2021 : le montant moyen d’un retrait dans un DAB est presque 30 % plus élevé à La Réunion -et 60 % en Guyane- que dans l’Hexagone. Dans certains DCOM, telles que la Guyane et Mayotte, la circulation fiduciaire dépasse les seuls besoins des populations locales car une part significative est « exportée » vers les pays voisins : le Surinam et le Brésil pour la Guyane; les Comores pour Mayotte. L’euro y est en effet très prisé, pour sa stabilité notamment.
Émissions nettes cumulées par habitant à fin 2022
    Guyane Mayotte La Réunion Saint-Pierre-et-Miquelon Guadeloupe Martinique France hexagonale
0
6 745 5 928
5 461
649 3 898
3 010
5000 10000
17 280
15000 20000
4
Sources : IEDOM, Banque de France, Estimation de population INSEE, données Guadeloupe y compris St Barthélémy et St Martin
Cependant, dans plusieurs géographies, une tendance à la diminution de l’usage des espèces comme moyen de paiement est observée et s’explique par la dématérialisation croissante des moyens de paiement utilisés par les consommateurs comme en Hexagone, phénomène amplifié par la crise sanitaire.
Ainsi, pendant la crise de la Covid, les prélèvements de billets aux guichets de la Banque de France ont chuté de 25 % en 2020, par rapport à 2019 et de 10 % pour l’IEDOM. Si les agences de l’Océan Indien ont renoué, en 2022, avec une activité fiduciaire dynamique, enregistrant des niveaux de prélèvements, en volume, bien supérieurs à ceux d’avant-crise (+24 % à Mayotte ; +7 % à La Réunion entre 2019 et 2022), les prélèvements dans les agences des Antilles – Guyane n’ont pas retrouvé leur niveau de 2019.
221 L’euro : dans nos poches depuis vingt ans, Bulletin de la Banque de France, 242/2, septembre-octobre 2022. 222 20 ans de l’euro : qu’en est-il pour les économies ultramarines ? Outremers 360°, 6 avril 2022.
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