Page 100 - Rapport annuel économique 2022 - Guyane
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l’opération Harpie II en 2018 (mobilisant un total de 55 millions d’euros pour les FAG) a modernisé la réponse répressive de l’État et a permis en 2022 la saisie de 35,8 M€ d'avoirs criminels. En détail, 5 kg d’or, 100 concasseurs, 143 pirogues, 135 armes, 59 kg de mercure, 661 groupes électrogènes et 187 quads ont été saisis et 6 236 carbets ont été détruits dans les sites d’orpaillage. Le volet économique de la stratégie de l’État tend à occuper le terrain en développant l’activité licite, tandis que le volet social et sanitaire s’applique à limiter l’impact néfaste de l’orpaillage illégal sur les populations locales. Enfin, la dimension diplomatique de la LCOI a pour but de lutter contre les trafics transfrontaliers (dus à la porosité des frontières avec le Suriname et le Brésil) et d’harmoniser les stratégies employées à l’échelle régionale. Cependant, si l’approche transversale de la LCOI a permis de contenir leur progression exponentielle, les activités d’orpaillage illégal restent nombreuses, du fait notamment de la résilience de l’organisation des garimpeiros.
4. La prospection pétrolière
Accordé en 2001, le permis d’exploration dit « Guyane Maritime » (de 32 000 km2) constitué par un consortium mené par Shell (Shell119 45 %, Total 25 %, Tullow Oil 27,5 % et Northern Petroleum 2,5 %) est arrivé à expiration mi-2016. Situé à 150 km des côtes cayennaises, seul le premier des cinq forages s’est avéré concluant, conduisant à un ralentissement progressif de l’activité de prospection pétrolière en Guyane. Tandis que Shell a retiré sa demande de permis de recherche en janvier 2014, la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) a accordé en mars 2017 une prolongation du permis de recherche de l’entreprise Total pour une durée de 3 ans. Ces recherches se sont avérées infructueuses. Fin février 2019, Total a annoncé que ses forages n’avaient pas permis de découvrir des réserves d’hydrocarbure. Ce permis de recherche était le dernier légal en France depuis la loi Hulot de décembre 2017, prévoyant un arrêt de la recherche et de l’exploitation sur le territoire français.
Si la Guyane semble ne pas disposer de ressources pétrolières, ce n’est pas le cas de ses voisins. Ainsi, en mai 2023, Total a annoncé la signature d'un nouveau contrat de partage de production lui attribuant une participation de 40 % dans deux nouveaux blocs offshore, aux côtés de QatarEnergy (20 %) et Paradise Oil Company (40 %). Les sites de production se trouvent au Sud du domaine offshore du Suriname, qui compte quatre découvertes récentes, et exploiteront des puits situés entre 30 et 50 mètres de profondeur. Le groupe pétrolier français participe également à trois blocs d’exploration au large du Guyana. Au vu de l’importance des ressources de la région, un projet visant à faire de Paramaribo un pôle portuaire servant de base logistique pour les champs pétrolifères du Suriname et du Guyana devrait se mettre en place d’ici 2025 (date estimée de début de la production).
119 Shell était l’opérateur principal du consortium depuis 2012.
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