Page 99 - Rapport annuel économique 2022 - Guyane
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minières et les PEX. La recherche d’or est encadrée par l’attribution des permis exclusifs de recherche (PER).
Tous les mois, la Commission des mines de la Guyane se réunit pour délibérer et donner un avis sur les demandes d'autorisation. Elle est composée de représentants de différents acteurs, tels que l'État, les collectivités territoriales, les exploitants miniers et les associations environnementales. En 2022, le nombre d’autorisations d’exploitations délivrées ou renouvelées est particulièrement élevé (33 AEX contre 20 en moyenne entre 2017 et 2021).
Le secteur aurifère est par ailleurs particulièrement concerné par des actions en justice. Cette situation reflète les tensions persistantes entre les objectifs de protection de l'environnement et de développement économique dans le secteur. À titre d’exemple, en juillet 2022, le Conseil d'État a annulé les décrets accordant la prolongation automatique de quatre concessions de mines d'or en Guyane. Les décrets étaient basés sur des dispositions anciennes jugées inconstitutionnelles et selon la décision, l'Administration a désormais la possibilité de refuser une prolongation si cela risque de causer des dommages environnementaux. Cette décision peut également avoir des implications sur d'autres concessions minières, comme celle du projet Montagne d'or, qui est actuellement examinée par le Conseil d'État.
3.3 LUTTE CONTRE L’ORPAILLAGE ILLÉGAL
À dire d’experts, l’orpaillage illégal produirait entre 10 et 12 tonnes d’or par an, et mobiliserait une main-d’œuvre clandestine comptant jusqu’à 9 000 personnes, pour un chiffre d’affaires estimé d’environ 500 à 750 M€. Les enjeux soulevés par ce fléau ancien en Guyane relèvent à la fois du pillage économique, de la destruction environnementale et de l’empoisonnement des populations locales. En effet, au-delà des sujets de déforestation incontrôlée, de pollution massive des sols, des fleuves et rivières, le mercure utilisé pour amalgamer l’or est un polluant dangereux qui s’accumule dans les milieux naturels. Lorsqu’il intègre les milieux aquatiques, il est assimilé. La contamination mercurielle, à la fois d’origine naturelle et liée aux pratiques aurifères illégales, peut ainsi se concentrer le long des chaînes alimentaires aquatiques, atteignant des concentrations particulièrement importantes dans la chair des poissons carnivores. Il en découle une contamination des populations locales dont c’est la nourriture quotidienne.
L’expansion de l’orpaillage illégal, accentuée par le cours élevé de l’or, a conduit à une diversification de l’action de l’État, qui alloue plus de 70 millions d’euros par an pour éradiquer ce phénomène. La stratégie interministérielle de lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI) se décline en plusieurs volets : une réponse répressive, économique, diplomatique, sociale et sanitaire. Elle est portée par l’État-major de la lutte contre l’orpaillage illégal et la pêche illicite (EMOPI), qui coordonne l’ensemble des services de l’État impliqués dans la LCOI. Plus de 500 militaires et gendarmes sont déployés sur le territoire, et ont mené plusieurs opérations118 visant à asphyxier les sites d’orpaillage illégal et à déstabiliser durablement l’économie souterraine. Un pan judiciaire se développe également pour lutter contre l’impunité des garimpeiros. Le lancement de
118 « Anaconda » de 2002 à 2004 et « Toucan » de 2004 à 2008. Officiellement lancée en février 2008, Harpie est une opération de grande envergure, menée par les forces de gendarmerie et les forces armées en Guyane (FAG) ayant pour objectif de réduire durablement l’orpaillage illégal.
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